MODE

Le spectre de la maigreur : le retour d’un idéal dépassé sur les podiums

27/3/2025
Clément Rigaud

Crédit photo : LE DÉFILÉ FEMME AUTOMNE HIVER 2025 PAR SARAH BURTON, Look 36

Faire passer la souris sur les mots cachés pour les lire
27/3/2025

Le spectre de la maigreur : le retour d’un idéal dépassé sur les podiums

Clément Rigaud

Crédit photo : LE DÉFILÉ FEMME AUTOMNE HIVER 2025 PAR SARAH BURTON, Look 36

Faire passer la souris sur les mots cachés pour les lire

Les flashs crépitent, les robes glissent sur des corps longilignes, et un constat s’impose : la maigreur extrême est de retour. Lors de la dernière Fashion Week, les silhouettes anguleuses ont envahi les podiums et les tapis rouges, rappelant l’esthétique des années 2000 où l’ultra-minceur dictait sa loi. Un retour qui interroge : alors que la mode promettait plus d’inclusivité, pourquoi revient-on à un idéal aussi inaccessible qu’angoissant ?

Entre pression sociale et idéaux inaccessibles

Ce regain de l’extrême minceur n’est pas anodin. Le retour du style des années 2000 remet en avant une silhouette bien précise : taille ultra-marquée, ventre plat, jambes longues et fines. Les pantalons taille basse, les crop tops, les robes moulantes, micro-jupes.. Si cette tendance semble légère et ludique, elle impose néanmoins un idéal corporel qui, lui, ne l’est pas et ramène avec elle une pression invisible mais bien réelle sur les corps. Les cures d’Ozempic - un médicament initialement prescrit pour le traitement du diabète de type 2, mais de plus en plus detourné pour la perte de poids - n’ont jamais été si fréquentes, courantes même, dans un monde en crise, où maigrir, toujours davantage, re-devient le moyen de reprendre le contrôle, de retrouver du succès. Jamais certaines célébrités n’ont été mises en avant, ces derniers mois, que lorsqu’elles avouaient en faire une cure. C’est une triste évidence : moins de 1 % des modèles présents pour cette dernière Fashion Week étaient size+.

Depuis 2010, la mode et les médias ont promu plus de diversité, laissant espérer une évolution des mentalités. Mais aujourd’hui, ce progrès semble en péril. L’inclusivité a-t-elle été un simple argument marketing ? Ce retour en arrière prouve que l’image du corps idéal reste modelée par des diktats persistants, où la minceur est encore synonyme de succès et de désirabilité.

Une féminité sous contrôle : entre discrétion et conservatisme

Au-delà de l’esthétique, ces tendances traduisent une évolution préoccupante de la place des femmes dans la société. Le vestiaire féminin se veut plus sage, effacé, voire conservateur. On célèbre une femme en retrait, proche de sa famille, moins affirmée dans l’espace public. La mode valorise des silhouettes épurées, des coupes strictes, une neutralité chromatique et une réduction des ornements. Le minimalisme s’impose, non comme une déclaration de liberté, mais comme une nouvelle norme de discrétion imposée.

Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large, marqué par les préoccupations géopolitiques actuelles. La tendance prône une sobriété où même le corps doit se faire discret et maîtrisé. La mode féminine, moins exubérante, suggère un retour à une féminité contenue, effacée, en phase avec une vision de la femme au sein du foyer. Pour ainsi dire, une tendance à un raffinement extrême – faudrait-il dire malsaint ? Elle s’ancre dans des courants qui se succèdent depuis cinq ans : le <link-text>quiet luxury<link-text>, ou comment revendiquer le luxe sans ne jamais l’afficher — l’exubérance et la richesse semblent désormais ostentatoires et plus du tout élégants.

27/3/2025

Le spectre de la maigreur : le retour d’un idéal dépassé sur les podiums

Clément Rigaud

Crédit photo : LE DÉFILÉ FEMME AUTOMNE HIVER 2025 PAR SARAH BURTON, Look 36

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Les flashs crépitent, les robes glissent sur des corps longilignes, et un constat s’impose : la maigreur extrême est de retour. Lors de la dernière Fashion Week, les silhouettes anguleuses ont envahi les podiums et les tapis rouges, rappelant l’esthétique des années 2000 où l’ultra-minceur dictait sa loi. Un retour qui interroge : alors que la mode promettait plus d’inclusivité, pourquoi revient-on à un idéal aussi inaccessible qu’angoissant ?

Entre pression sociale et idéaux inaccessibles

Ce regain de l’extrême minceur n’est pas anodin. Le retour du style des années 2000 remet en avant une silhouette bien précise : taille ultra-marquée, ventre plat, jambes longues et fines. Les pantalons taille basse, les crop tops, les robes moulantes, micro-jupes.. Si cette tendance semble légère et ludique, elle impose néanmoins un idéal corporel qui, lui, ne l’est pas et ramène avec elle une pression invisible mais bien réelle sur les corps. Les cures d’Ozempic - un médicament initialement prescrit pour le traitement du diabète de type 2, mais de plus en plus detourné pour la perte de poids - n’ont jamais été si fréquentes, courantes même, dans un monde en crise, où maigrir, toujours davantage, re-devient le moyen de reprendre le contrôle, de retrouver du succès. Jamais certaines célébrités n’ont été mises en avant, ces derniers mois, que lorsqu’elles avouaient en faire une cure. C’est une triste évidence : moins de 1 % des modèles présents pour cette dernière Fashion Week étaient size+.

Depuis 2010, la mode et les médias ont promu plus de diversité, laissant espérer une évolution des mentalités. Mais aujourd’hui, ce progrès semble en péril. L’inclusivité a-t-elle été un simple argument marketing ? Ce retour en arrière prouve que l’image du corps idéal reste modelée par des diktats persistants, où la minceur est encore synonyme de succès et de désirabilité.

Une féminité sous contrôle : entre discrétion et conservatisme

Au-delà de l’esthétique, ces tendances traduisent une évolution préoccupante de la place des femmes dans la société. Le vestiaire féminin se veut plus sage, effacé, voire conservateur. On célèbre une femme en retrait, proche de sa famille, moins affirmée dans l’espace public. La mode valorise des silhouettes épurées, des coupes strictes, une neutralité chromatique et une réduction des ornements. Le minimalisme s’impose, non comme une déclaration de liberté, mais comme une nouvelle norme de discrétion imposée.

Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large, marqué par les préoccupations géopolitiques actuelles. La tendance prône une sobriété où même le corps doit se faire discret et maîtrisé. La mode féminine, moins exubérante, suggère un retour à une féminité contenue, effacée, en phase avec une vision de la femme au sein du foyer. Pour ainsi dire, une tendance à un raffinement extrême – faudrait-il dire malsaint ? Elle s’ancre dans des courants qui se succèdent depuis cinq ans : le <link-text>quiet luxury<link-text>, ou comment revendiquer le luxe sans ne jamais l’afficher — l’exubérance et la richesse semblent désormais ostentatoires et plus du tout élégants.

Le spectre de la maigreur : le retour d’un idéal dépassé sur les podiums

Le old money aesthetic ou cette élégance discrète héritée des élites traditionnelles. On parle d’inspiration des années 20 à 50 - pense au thème du <link-text>Met Gala<link-text> de cette année « Tailored for You ».

Collection RRL by Ralph Lauren

Collection RRL by Ralph Lauren

D’autres courants flagrants comme le tradwife, valorisent carrément un retour aux rôles domestiques et familiaux pour les femmes.

Et par ailleurs, la diversité corporelle et ethnique semble reculer. Le rebranding de PrettyLittleThing en est un exemple frappant. Son repositionnement n’a pas manqué de faire réagir l’industrie, alimentant de nombreux débats. Derrière cette évolution vers une esthétique plus épurée, un détail saisit : la diversité s’est nettement effacée. Les mannequins racisés, autrefois visibles, ont presque disparu des campagnes, tandis que les silhouettes mises en avant répondent désormais à des canons plus uniformes.

Des marques connues pour leur audace, comme <link-text>Desigual<link-text>, ajustent leur positionnement. Si elle conserve une identité affirmée, la marque s’éloigne aujourd’hui de son exubérance passée pour adopter une sobriété plus en phase avec l’air du temps. Cette uniformisation touche la représentation même des femmes dans la publicité et la communication : une certaine masculinisation des silhouettes et des attitudes se dessine, réduisant encore l’éventail des modèles valorisés.

Rebranding Pretty Little Thing par AUDA magazine

Ainsi, sous couvert d’un retour à la simplicité et à l’élégance, c’est tout un système de normes plus rigides qui s’impose, façonnant des corps et des identités dans une direction toujours plus uniforme et contrôlée.

La mode et ses résonances : entre nostalgie et régression des normes

Il s’agit d’un monde, d’une époque, où l’affaire des viols de Mazan marque l’histoire et où certaines tendances se risquent à déconstruire ces révolutions contemporaines. Il n’est pas question de sombrer dans la théorie du complot : les designers et les maisons ne cherchent pas volontairement à imposer une vision conservatrice à la société. Mais la mode traduit toujours, de manière organique et collective, les mouvances du monde. Elle reflète les préoccupations politiques et géopolitiques, capte les changements d’air, les influences, parfois, les subit souvent. Certains créateurs en jouent pour mieux les déconstruire, mais la mode, par essence, fonctionne en cycles et revisite sans cesse le passé. La question se pose alors : en ravivant ces références sous couvert de nostalgie, ne réintroduisons-nous pas, sans même y prendre garde, certaines normes d’un autre temps ?

Un effacement de soi ?

Il n’est plus question d’hygiène de vie ou d’un idéal de bien-être : la maigreur incarne désormais une forme plus radicale de discipline et d’abandon de soi. Alors que le clean lifestyle prônait autrefois une forme de soin du corps, il devient aujourd’hui le symbole d’une privation extrême, désabusé, voire d’un effacement de soi. Ce contrôle absolu, sous couvert de minimalisme et d’élégance, relègue la diversité corporelle et l’inclusivité au second plan et impose un modèle uniformisé où la disparition du corps dans son individualité devient une norme tacite. Il ne s’agit plus de bien manger mais de ne plus manger du tout, peut-être, après tout, parce que ça ne sert plus à rien. Je repense au défilé de <link-text>Gvasalia pour Balanciaga<link-text> et le <link-text>la mode de l'avant apocalyptique<link-text>.

L'illusion de la maigreur : une norme toxique à repenser

Cet idéal de maigreur ne se contente pas d’être inaccessible : il est trompeur. Il efface la diversité des corps et fait de la privation une norme silencieuse. Derrière ces silhouettes filiformes, il y a souvent des restrictions drastiques et une pression immense, qui pèsent surtout sur les jeunes générations en quête de repères. Ce retour de la maigreur nous rappelle que rien n’est jamais acquis. La mode est un éternel recommencement, et les progrès peuvent être balayés en un instant si on ne reste pas vigilant. Mais il est encore temps de refuser cet idéal dépassé et de revendiquer une beauté plus libre, plus vraie, qui ne se définit pas par la souffrance, mais par l’expression de soi.

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Le spectre de la maigreur : le retour d’un idéal dépassé sur les podiums

27/3/2025
Clément Rigaud

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Le spectre de la maigreur : le retour d’un idéal dépassé sur les podiums

27/3/2025
Clément Rigaud

Crédit photo : LE DÉFILÉ FEMME AUTOMNE HIVER 2025 PAR SARAH BURTON, Look 36

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Le spectre de la maigreur : le retour d’un idéal dépassé sur les podiums

29/3/2025
Clément Rigaud

Crédit photo : LE DÉFILÉ FEMME AUTOMNE HIVER 2025 PAR SARAH BURTON, Look 36

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Les flashs crépitent, les robes glissent sur des corps longilignes, et un constat s’impose : la maigreur extrême est de retour. Lors de la dernière Fashion Week, les silhouettes anguleuses ont envahi les podiums et les tapis rouges, rappelant l’esthétique des années 2000 où l’ultra-minceur dictait sa loi. Un retour qui interroge : alors que la mode promettait plus d’inclusivité, pourquoi revient-on à un idéal aussi inaccessible qu’angoissant ?

Entre pression sociale et idéaux inaccessibles

Ce regain de l’extrême minceur n’est pas anodin. Le retour du style des années 2000 remet en avant une silhouette bien précise : taille ultra-marquée, ventre plat, jambes longues et fines. Les pantalons taille basse, les crop tops, les robes moulantes, micro-jupes.. Si cette tendance semble légère et ludique, elle impose néanmoins un idéal corporel qui, lui, ne l’est pas et ramène avec elle une pression invisible mais bien réelle sur les corps. Les cures d’Ozempic - un médicament initialement prescrit pour le traitement du diabète de type 2, mais de plus en plus detourné pour la perte de poids - n’ont jamais été si fréquentes, courantes même, dans un monde en crise, où maigrir, toujours davantage, re-devient le moyen de reprendre le contrôle, de retrouver du succès. Jamais certaines célébrités n’ont été mises en avant, ces derniers mois, que lorsqu’elles avouaient en faire une cure. C’est une triste évidence : moins de 1 % des modèles présents pour cette dernière Fashion Week étaient size+.

Depuis 2010, la mode et les médias ont promu plus de diversité, laissant espérer une évolution des mentalités. Mais aujourd’hui, ce progrès semble en péril. L’inclusivité a-t-elle été un simple argument marketing ? Ce retour en arrière prouve que l’image du corps idéal reste modelée par des diktats persistants, où la minceur est encore synonyme de succès et de désirabilité.

Une féminité sous contrôle : entre discrétion et conservatisme

Au-delà de l’esthétique, ces tendances traduisent une évolution préoccupante de la place des femmes dans la société. Le vestiaire féminin se veut plus sage, effacé, voire conservateur. On célèbre une femme en retrait, proche de sa famille, moins affirmée dans l’espace public. La mode valorise des silhouettes épurées, des coupes strictes, une neutralité chromatique et une réduction des ornements. Le minimalisme s’impose, non comme une déclaration de liberté, mais comme une nouvelle norme de discrétion imposée.

Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large, marqué par les préoccupations géopolitiques actuelles. La tendance prône une sobriété où même le corps doit se faire discret et maîtrisé. La mode féminine, moins exubérante, suggère un retour à une féminité contenue, effacée, en phase avec une vision de la femme au sein du foyer. Pour ainsi dire, une tendance à un raffinement extrême – faudrait-il dire malsaint ? Elle s’ancre dans des courants qui se succèdent depuis cinq ans : le <link-text>quiet luxury<link-text>, ou comment revendiquer le luxe sans ne jamais l’afficher — l’exubérance et la richesse semblent désormais ostentatoires et plus du tout élégants.

Les flashs crépitent, les robes glissent sur des corps longilignes, et un constat s’impose : la maigreur extrême est de retour. Lors de la dernière Fashion Week, les silhouettes anguleuses ont envahi les podiums et les tapis rouges, rappelant l’esthétique des années 2000 où l’ultra-minceur dictait sa loi. Un retour qui interroge : alors que la mode promettait plus d’inclusivité, pourquoi revient-on à un idéal aussi inaccessible qu’angoissant ?

Entre pression sociale et idéaux inaccessibles

Ce regain de l’extrême minceur n’est pas anodin. Le retour du style des années 2000 remet en avant une silhouette bien précise : taille ultra-marquée, ventre plat, jambes longues et fines. Les pantalons taille basse, les crop tops, les robes moulantes, micro-jupes.. Si cette tendance semble légère et ludique, elle impose néanmoins un idéal corporel qui, lui, ne l’est pas et ramène avec elle une pression invisible mais bien réelle sur les corps. Les cures d’Ozempic - un médicament initialement prescrit pour le traitement du diabète de type 2, mais de plus en plus detourné pour la perte de poids - n’ont jamais été si fréquentes, courantes même, dans un monde en crise, où maigrir, toujours davantage, re-devient le moyen de reprendre le contrôle, de retrouver du succès. Jamais certaines célébrités n’ont été mises en avant, ces derniers mois, que lorsqu’elles avouaient en faire une cure. C’est une triste évidence : moins de 1 % des modèles présents pour cette dernière Fashion Week étaient size+.

Depuis 2010, la mode et les médias ont promu plus de diversité, laissant espérer une évolution des mentalités. Mais aujourd’hui, ce progrès semble en péril. L’inclusivité a-t-elle été un simple argument marketing ? Ce retour en arrière prouve que l’image du corps idéal reste modelée par des diktats persistants, où la minceur est encore synonyme de succès et de désirabilité.

Une féminité sous contrôle : entre discrétion et conservatisme

Au-delà de l’esthétique, ces tendances traduisent une évolution préoccupante de la place des femmes dans la société. Le vestiaire féminin se veut plus sage, effacé, voire conservateur. On célèbre une femme en retrait, proche de sa famille, moins affirmée dans l’espace public. La mode valorise des silhouettes épurées, des coupes strictes, une neutralité chromatique et une réduction des ornements. Le minimalisme s’impose, non comme une déclaration de liberté, mais comme une nouvelle norme de discrétion imposée.

Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large, marqué par les préoccupations géopolitiques actuelles. La tendance prône une sobriété où même le corps doit se faire discret et maîtrisé. La mode féminine, moins exubérante, suggère un retour à une féminité contenue, effacée, en phase avec une vision de la femme au sein du foyer. Pour ainsi dire, une tendance à un raffinement extrême – faudrait-il dire malsaint ? Elle s’ancre dans des courants qui se succèdent depuis cinq ans : le <link-text>quiet luxury<link-text>, ou comment revendiquer le luxe sans ne jamais l’afficher — l’exubérance et la richesse semblent désormais ostentatoires et plus du tout élégants.

Le old money aesthetic ou cette élégance discrète héritée des élites traditionnelles. On parle d’inspiration des années 20 à 50 - pense au thème du <link-text>Met Gala<link-text> de cette année « Tailored for You ».

Collection RRL by Ralph Lauren

Collection RRL by Ralph Lauren

D’autres courants flagrants comme le tradwife, valorisent carrément un retour aux rôles domestiques et familiaux pour les femmes.

Et par ailleurs, la diversité corporelle et ethnique semble reculer. Le rebranding de PrettyLittleThing en est un exemple frappant. Son repositionnement n’a pas manqué de faire réagir l’industrie, alimentant de nombreux débats. Derrière cette évolution vers une esthétique plus épurée, un détail saisit : la diversité s’est nettement effacée. Les mannequins racisés, autrefois visibles, ont presque disparu des campagnes, tandis que les silhouettes mises en avant répondent désormais à des canons plus uniformes.

Des marques connues pour leur audace, comme <link-text>Desigual<link-text>, ajustent leur positionnement. Si elle conserve une identité affirmée, la marque s’éloigne aujourd’hui de son exubérance passée pour adopter une sobriété plus en phase avec l’air du temps. Cette uniformisation touche la représentation même des femmes dans la publicité et la communication : une certaine masculinisation des silhouettes et des attitudes se dessine, réduisant encore l’éventail des modèles valorisés.

Rebranding Pretty Little Thing par AUDA magazine

Ainsi, sous couvert d’un retour à la simplicité et à l’élégance, c’est tout un système de normes plus rigides qui s’impose, façonnant des corps et des identités dans une direction toujours plus uniforme et contrôlée.

La mode et ses résonances : entre nostalgie et régression des normes

Il s’agit d’un monde, d’une époque, où l’affaire des viols de Mazan marque l’histoire et où certaines tendances se risquent à déconstruire ces révolutions contemporaines. Il n’est pas question de sombrer dans la théorie du complot : les designers et les maisons ne cherchent pas volontairement à imposer une vision conservatrice à la société. Mais la mode traduit toujours, de manière organique et collective, les mouvances du monde. Elle reflète les préoccupations politiques et géopolitiques, capte les changements d’air, les influences, parfois, les subit souvent. Certains créateurs en jouent pour mieux les déconstruire, mais la mode, par essence, fonctionne en cycles et revisite sans cesse le passé. La question se pose alors : en ravivant ces références sous couvert de nostalgie, ne réintroduisons-nous pas, sans même y prendre garde, certaines normes d’un autre temps ?

Un effacement de soi ?

Il n’est plus question d’hygiène de vie ou d’un idéal de bien-être : la maigreur incarne désormais une forme plus radicale de discipline et d’abandon de soi. Alors que le clean lifestyle prônait autrefois une forme de soin du corps, il devient aujourd’hui le symbole d’une privation extrême, désabusé, voire d’un effacement de soi. Ce contrôle absolu, sous couvert de minimalisme et d’élégance, relègue la diversité corporelle et l’inclusivité au second plan et impose un modèle uniformisé où la disparition du corps dans son individualité devient une norme tacite. Il ne s’agit plus de bien manger mais de ne plus manger du tout, peut-être, après tout, parce que ça ne sert plus à rien. Je repense au défilé de <link-text>Gvasalia pour Balanciaga<link-text> et le <link-text>la mode de l'avant apocalyptique<link-text>.

L'illusion de la maigreur : une norme toxique à repenser

Cet idéal de maigreur ne se contente pas d’être inaccessible : il est trompeur. Il efface la diversité des corps et fait de la privation une norme silencieuse. Derrière ces silhouettes filiformes, il y a souvent des restrictions drastiques et une pression immense, qui pèsent surtout sur les jeunes générations en quête de repères. Ce retour de la maigreur nous rappelle que rien n’est jamais acquis. La mode est un éternel recommencement, et les progrès peuvent être balayés en un instant si on ne reste pas vigilant. Mais il est encore temps de refuser cet idéal dépassé et de revendiquer une beauté plus libre, plus vraie, qui ne se définit pas par la souffrance, mais par l’expression de soi.

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