CULTURE

"Chérie, tu mettrais un autocollant sur une Bentley ?"

25/4/2025
Clément Rigaud

Crédit photo : Pete Davidson, 'Official Boyfriend' pour la campagne Reformation®

Faire passer la souris sur les mots cachés pour les lire
25/4/2025

"Chérie, tu mettrais un autocollant sur une Bentley ?"

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Le tatouage, censuré par la sobriété

Lorsque Kim Kardashian prononça cette phrase en 2009, interrogée par Wendy Williams sur sa vision des tatouages, elle semblait lancer une boutade, mi-prétentieuse, mi-dédaigneuse. Quinze ans plus tard, la formule ressurgit sur TikTok, reprise comme un étendard par une nouvelle génération de femmes — impeccablement lisses, ostensiblement 'propres' — pour justifier leur absence d'encre sur la peau. L’argument : le tatouage serait désormais en dissonance avec l’idéal de la 'clean girl'.

Sous ses dehors minimalistes et épurés, la clean girl aesthetic se révèle en fait l’un des visages doux d’un retour à un certain conservatisme esthétique — et idéologique. Cette silhouette soignée, aux boucles sages et à la mise en beauté translucide, s’inscrit dans une tendance plus large : celle d’un glissement vers des valeurs traditionalistes, souvent travesties sous les atours d’un style de vie 'saintement' maîtrisé. Cécile Simmons, chercheuse pour le think tank, Institute for Strategic Dialogue, à Londres et spécialiste des questions de désinformation, de radicalisation et de genre, décrit la mouvance pour Ouest-France. Elle dit ceci : « La mouvance tradwife est un mouvement transnational, principalement en ligne, de femmes antiféministes qui prônent des normes genrées traditionnelles et le retour des femmes à la domesticité ». La tradwife, ou 'épouse traditionnelle', se fait aujourd’hui avatar pastel de l’ordre établi. On ressort les bigoudis de nos grands-mères ; ils ne disent plus 'rétro', ils murmurent 'tendance'. Derrière les boucles sages — 'trad wife curls' — une esthétique rétrograde s’avance masquée. Les lèvres autrefois surgonflées se dégonflent sous l’effet des injections dissolvantes, remplacées par des chirurgies plus discrètes, mais non moins normatives. Le maquillage se fait soft life, les colorations virent au beige latte, <link-text>l’extreme minceur<link-text> s’affiche sans détour. Dans cette mise en scène d’un retour à la 'féminité naturelle', tout est altéré jusqu’à la racine : une apparence qui, sous couvert de sobriété, raconte en creux une autre histoire — celle d’un idéal féminin à nouveau corseté.

Le prix du silence

Ce n’est plus le tatouage qui fait signe : c’est son absence. Car effacer un tatouage coûte bien plus que de le faire — financièrement, symboliquement aussi. Dans les cabinets spécialisés, les lasers s’activent pour camoufler, faire disparaître, gommer des fragments de soi devenus étrangers. Le quotidien hongkongais South China Morning Post note que l’industrie est « évaluée à 4,3 milliards de dollars (soit 3,8 milliards d’euros) en 2021, un montant qui devrait presque tripler d’ici à la fin de la décennie ». De plus en plus de clients confient ne plus se reconnaître dans ces traces d’un autre temps, trop visibles, trop bavardes pour une mode silencieuse. 

Quand l’humoriste et comédien américain Pete Davidson (en couverture) débourse plus de 200 000 dollars pour faire retirer ses tatouages, c’est vraisemblablement un choix personnel, intime, esthétique au demeurant, mais il incarne malgres lui une démonstration de pouvoir. Dans une société où 41 % des Américains de moins de 30 ans sont tatoués, l’effacement devient un privilège. Le corps vierge redevient un signe extérieur de richesse — d’autant plus précieux qu’il est devenu rare.

25/4/2025

"Chérie, tu mettrais un autocollant sur une Bentley ?"

Clément Rigaud

Crédit photo : Pete Davidson, 'Official Boyfriend' pour la campagne Reformation®

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Le tatouage, censuré par la sobriété

Lorsque Kim Kardashian prononça cette phrase en 2009, interrogée par Wendy Williams sur sa vision des tatouages, elle semblait lancer une boutade, mi-prétentieuse, mi-dédaigneuse. Quinze ans plus tard, la formule ressurgit sur TikTok, reprise comme un étendard par une nouvelle génération de femmes — impeccablement lisses, ostensiblement 'propres' — pour justifier leur absence d'encre sur la peau. L’argument : le tatouage serait désormais en dissonance avec l’idéal de la 'clean girl'.

Sous ses dehors minimalistes et épurés, la clean girl aesthetic se révèle en fait l’un des visages doux d’un retour à un certain conservatisme esthétique — et idéologique. Cette silhouette soignée, aux boucles sages et à la mise en beauté translucide, s’inscrit dans une tendance plus large : celle d’un glissement vers des valeurs traditionalistes, souvent travesties sous les atours d’un style de vie 'saintement' maîtrisé. Cécile Simmons, chercheuse pour le think tank, Institute for Strategic Dialogue, à Londres et spécialiste des questions de désinformation, de radicalisation et de genre, décrit la mouvance pour Ouest-France. Elle dit ceci : « La mouvance tradwife est un mouvement transnational, principalement en ligne, de femmes antiféministes qui prônent des normes genrées traditionnelles et le retour des femmes à la domesticité ». La tradwife, ou 'épouse traditionnelle', se fait aujourd’hui avatar pastel de l’ordre établi. On ressort les bigoudis de nos grands-mères ; ils ne disent plus 'rétro', ils murmurent 'tendance'. Derrière les boucles sages — 'trad wife curls' — une esthétique rétrograde s’avance masquée. Les lèvres autrefois surgonflées se dégonflent sous l’effet des injections dissolvantes, remplacées par des chirurgies plus discrètes, mais non moins normatives. Le maquillage se fait soft life, les colorations virent au beige latte, <link-text>l’extreme minceur<link-text> s’affiche sans détour. Dans cette mise en scène d’un retour à la 'féminité naturelle', tout est altéré jusqu’à la racine : une apparence qui, sous couvert de sobriété, raconte en creux une autre histoire — celle d’un idéal féminin à nouveau corseté.

"Chérie, tu mettrais un autocollant sur une Bentley ?"

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Le tatouage, censuré par la sobriété

Lorsque Kim Kardashian prononça cette phrase en 2009, interrogée par Wendy Williams sur sa vision des tatouages, elle semblait lancer une boutade, mi-prétentieuse, mi-dédaigneuse. Quinze ans plus tard, la formule ressurgit sur TikTok, reprise comme un étendard par une nouvelle génération de femmes — impeccablement lisses, ostensiblement 'propres' — pour justifier leur absence d'encre sur la peau. L’argument : le tatouage serait désormais en dissonance avec l’idéal de la 'clean girl'.

Sous ses dehors minimalistes et épurés, la clean girl aesthetic se révèle en fait l’un des visages doux d’un retour à un certain conservatisme esthétique — et idéologique. Cette silhouette soignée, aux boucles sages et à la mise en beauté translucide, s’inscrit dans une tendance plus large : celle d’un glissement vers des valeurs traditionalistes, souvent travesties sous les atours d’un style de vie 'saintement' maîtrisé. Cécile Simmons, chercheuse pour le think tank, Institute for Strategic Dialogue, à Londres et spécialiste des questions de désinformation, de radicalisation et de genre, décrit la mouvance pour Ouest-France. Elle dit ceci : « La mouvance tradwife est un mouvement transnational, principalement en ligne, de femmes antiféministes qui prônent des normes genrées traditionnelles et le retour des femmes à la domesticité ». La tradwife, ou 'épouse traditionnelle', se fait aujourd’hui avatar pastel de l’ordre établi. On ressort les bigoudis de nos grands-mères ; ils ne disent plus 'rétro', ils murmurent 'tendance'. Derrière les boucles sages — 'trad wife curls' — une esthétique rétrograde s’avance masquée. Les lèvres autrefois surgonflées se dégonflent sous l’effet des injections dissolvantes, remplacées par des chirurgies plus discrètes, mais non moins normatives. Le maquillage se fait soft life, les colorations virent au beige latte, <link-text>l’extreme minceur<link-text> s’affiche sans détour. Dans cette mise en scène d’un retour à la 'féminité naturelle', tout est altéré jusqu’à la racine : une apparence qui, sous couvert de sobriété, raconte en creux une autre histoire — celle d’un idéal féminin à nouveau corseté.

Le prix du silence

Ce n’est plus le tatouage qui fait signe : c’est son absence. Car effacer un tatouage coûte bien plus que de le faire — financièrement, symboliquement aussi. Dans les cabinets spécialisés, les lasers s’activent pour camoufler, faire disparaître, gommer des fragments de soi devenus étrangers. Le quotidien hongkongais South China Morning Post note que l’industrie est « évaluée à 4,3 milliards de dollars (soit 3,8 milliards d’euros) en 2021, un montant qui devrait presque tripler d’ici à la fin de la décennie ». De plus en plus de clients confient ne plus se reconnaître dans ces traces d’un autre temps, trop visibles, trop bavardes pour une mode silencieuse. 

Quand l’humoriste et comédien américain Pete Davidson (en couverture) débourse plus de 200 000 dollars pour faire retirer ses tatouages, c’est vraisemblablement un choix personnel, intime, esthétique au demeurant, mais il incarne malgres lui une démonstration de pouvoir. Dans une société où 41 % des Américains de moins de 30 ans sont tatoués, l’effacement devient un privilège. Le corps vierge redevient un signe extérieur de richesse — d’autant plus précieux qu’il est devenu rare.

Le tatouage, censuré par la sobriété

Lorsque Kim Kardashian prononça cette phrase en 2009, interrogée par Wendy Williams sur sa vision des tatouages, elle semblait lancer une boutade, mi-prétentieuse, mi-dédaigneuse. Quinze ans plus tard, la formule ressurgit sur TikTok, reprise comme un étendard par une nouvelle génération de femmes — impeccablement lisses, ostensiblement 'propres' — pour justifier leur absence d'encre sur la peau. L’argument : le tatouage serait désormais en dissonance avec l’idéal de la 'clean girl'.

Sous ses dehors minimalistes et épurés, la clean girl aesthetic se révèle en fait l’un des visages doux d’un retour à un certain conservatisme esthétique — et idéologique. Cette silhouette soignée, aux boucles sages et à la mise en beauté translucide, s’inscrit dans une tendance plus large : celle d’un glissement vers des valeurs traditionalistes, souvent travesties sous les atours d’un style de vie 'saintement' maîtrisé. Cécile Simmons, chercheuse pour le think tank, Institute for Strategic Dialogue, à Londres et spécialiste des questions de désinformation, de radicalisation et de genre, décrit la mouvance pour Ouest-France. Elle dit ceci : « La mouvance tradwife est un mouvement transnational, principalement en ligne, de femmes antiféministes qui prônent des normes genrées traditionnelles et le retour des femmes à la domesticité ». La tradwife, ou 'épouse traditionnelle', se fait aujourd’hui avatar pastel de l’ordre établi. On ressort les bigoudis de nos grands-mères ; ils ne disent plus 'rétro', ils murmurent 'tendance'. Derrière les boucles sages — 'trad wife curls' — une esthétique rétrograde s’avance masquée. Les lèvres autrefois surgonflées se dégonflent sous l’effet des injections dissolvantes, remplacées par des chirurgies plus discrètes, mais non moins normatives. Le maquillage se fait soft life, les colorations virent au beige latte, <link-text>l’extreme minceur<link-text> s’affiche sans détour. Dans cette mise en scène d’un retour à la 'féminité naturelle', tout est altéré jusqu’à la racine : une apparence qui, sous couvert de sobriété, raconte en creux une autre histoire — celle d’un idéal féminin à nouveau corseté.

Le prix du silence

Ce n’est plus le tatouage qui fait signe : c’est son absence. Car effacer un tatouage coûte bien plus que de le faire — financièrement, symboliquement aussi. Dans les cabinets spécialisés, les lasers s’activent pour camoufler, faire disparaître, gommer des fragments de soi devenus étrangers. Le quotidien hongkongais South China Morning Post note que l’industrie est « évaluée à 4,3 milliards de dollars (soit 3,8 milliards d’euros) en 2021, un montant qui devrait presque tripler d’ici à la fin de la décennie ». De plus en plus de clients confient ne plus se reconnaître dans ces traces d’un autre temps, trop visibles, trop bavardes pour une mode silencieuse. 

Quand l’humoriste et comédien américain Pete Davidson (en couverture) débourse plus de 200 000 dollars pour faire retirer ses tatouages, c’est vraisemblablement un choix personnel, intime, esthétique au demeurant, mais il incarne malgres lui une démonstration de pouvoir. Dans une société où 41 % des Américains de moins de 30 ans sont tatoués, l’effacement devient un privilège. Le corps vierge redevient un signe extérieur de richesse — d’autant plus précieux qu’il est devenu rare.

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